Disciplines

Le Judo

Judo est le plus souvent traduit par « Voie (Dô) de la souplesse (Ju) ». Cette traduction donne cependant une vision partielle du véritable sens : Dô est l’idéogramme représentant la Voie au sens bouddhique, c’est-à-dire le chemin vers la perfection spirituelle, l’éveil. Judo pourrait donc signifier « Progresser mentalement et physiquement en pratiquant les techniques de combat souples ».

Le fondateur du Judo – Jigoro Kano – naît en 1860 à Migake, au Japon. Lettré et instruit mais désirant développé sa forme physique, il apprend le Ju-Jitsu dans plusieurs écoles (Ryu). A 22 ans Kano décide de fonder sa propre école d’arts martiaux, mais le Japon – qui vient littéralement de quitter le moyen-âge – est alors en pleine période de modernisation (ère Meiji à partir de 1868) ; les arts martiaux « traditionnels » sont délaissés au profit des sports occidentaux : athlétisme, baseball, etc.

Avec beaucoup d’intelligence, Kano comprend qu’il peut adapter la pratique aux nouveaux goûts des Japonais : il supprime par exemple certaines techniques dangereuses, développe des méthodes pour chuter sans dommage et invente la progression par grades (kyu et dan). Pour différencier sa méthode du Ju-jitsu traditionnel il change aussi l’idéogramme « Jutsu » en « Dô ». Finalement, en 1882, il fonde sa première école dans un ancien temple de Tokyo, qu’il nomme Kodokan.
Bien sûr la création du Judo ne va pas sans susciter colère et jalousie de la part des écoles traditionnelles de Ju-Jitsu. Le Kodokan est à plusieurs reprises défié. Heureusement, plusieurs pratiquants de Ju-Jitsu de haut niveau ont rejoint Kano, dont le célèbre Shiro Saïgo (du Kaito Ryu Jujitsu), un jeune homme de 19 ans surdoué des arts martiaux. Malgré ses 1m40, il vainc toujours ses adversaires, ce qui permet au Kodokan de sortir toujours victorieux des défis qui lui sont lancés.

Grâce à ces défis réussis autant qu’au talent éducatif et aux relations de Jigoro Kano, la renommée du Judo ne cessera de grandir. Kano parcourt le Japon et le monde entier pour présenter son Judo, avec le succès que l’on connaît.

En France, quelques clubs de Ju-Jitsu et de Judo sont sporadiquement créés dans le premier tiers du 20ième siècle. Mais le Judo prend véritablement son essor dans les années 30 avec le maître japonais Kawaishi, qui facilitera notamment l’apprentissage des techniques en leur donnant des noms français et en les classifiant. Deux étapes importantes du Judo français : la première fédération française apparaît en 1946, et en 1960 le Judo devient sport olympique.
Aujourd’hui, avec plus de 580 000 licenciés, le Judo est le troisième sport le plus pratiqué en France.

Le Ju-Jitsu

Composé des idéogrammes Ju (souplesse) et Jitsu (technique, art), le terme Ju-Jitsu signifie donc littéralement « Art de la souplesse ». Cependant, plus que la souplesse du corps, l’idéogramme Ju représente la philosophie de cette technique de combat : ne pas opposer la force brute, mais essayer de profiter au mieux de celle de l’adversaire en déployant un minimum d’énergie.

Le Ju-Jitsu est un art martial japonais à l’éventail de techniques très riche et complet : coups frappés, projections, luxations, strangulations, saisies, travail au sol.
Issu des techniques de combat à mains nues empiriquement élaborées par les Samuraï (techniques peu utilisées, les guerriers préférant toujours les armes), le Ju-Jitsu devient une méthode à part entière pendant l’ère Edo (1603-1868). Les Shogun Tokugawa imposent alors la paix sur le territoire japonais, ce qui favorise le développement de cet art martial à mains nues. Plusieurs styles vont d’ailleurs naître, organisés sous forme d’écoles (Ryu). A cette époque le Ju-Jitsu va aussi être fortement influencé par les arts martiaux chinois (Quan-fa, Chi-na, etc.) et profiter de la richesse technique des experts chinois qui s’aventurent au Japon.

Le Ju-Jitsu, à l’instar des autres arts martiaux traditionnels, connait un fort déclin à l’aube de l’ère Meiji (1868) : le Japon est encore au moyen-âge et décide soudain de rattraper son retard social, technologique et militaire sous l’impulsion de l’empereur Mutsu-Hito. En cette période de modernisation effrénée, les arts martiaux traditionnels – symboles du passé – sont dénigrés tandis que s’installe un engouement grandissant pour les sports occidentaux.

C’est en profitant de cette mode que Jigoro Kano adapte le Ju-Jitsu et crée le Judo.

Au début du XXième siècle, les Arts Martiaux sont cependant réhabilités par le gouvernement japonais au titre de trésors du passé.

Le Ju-Jitsu s’est lui aussi modifié pour s’adapter aux exigences actuelles en matière de sports de combats. Sujet à un regain de popularité grâce à des méthodes comme le Jiu-Jitsu brésilien, le Ju-Jitsu connaît un développement constant du nombre de ses pratiquants, notamment en France.